dimanche 22 novembre 2015

Portraits de l'autre

Petite séance de dessin d'observation. Les enfants ont travaillé par deux ou par trois, un posant, et l'autre ou les autres le dessinant.
La consigne étant d'en faire le portrait, en essayant de bien observer le visage, et de voir ce qui le caractérisait, ce qui le rendait particulier et reconnaissable.
Les enfants étaient aussi plongés dans une certaine pénombre, et il leur était demandé de tenir compte de l'ombre portée.

















Un monde à l'envers

À partir du 16ème siècle naquit dans l'art européen la tradition de ce qu'on appelle les « mondes contraires » ou « inversés ».
L'idée de ces petites représentations est d'inverser les normes, c'est ainsi les poissons qui pêchent les hommes, les bœufs qui charrient l'homme, les femmes qui montent la garde pendant que les maris gardent les enfants, etc.


Ces petites représentations servaient, malgré un air anodin, enfantin et débonnaire, en quelque sorte d'exutoire et avaient aussi un côté subversif et politique.
En effet, sous des régimes dictatoriaux – comme en France, après la restauration, celui de Louis XVIII, qui était peu enclin aux expressions libres, époque qui connut un boum des ces représentations – ces petites vignettes, montrant un monde où tout était possible, étaient aussi un moyen de ridiculiser le pouvoir, d'avoir un message politique, tout en contournant la censure.
Elles ont ainsi été le témoin humble de l'évolution d'une société vers la démocratie mais aussi d'une émancipation lente des femmes.

Voici une manifestation contemporaine, avec le livre "un monde à l'envers" de l'artiste Atak :

Mais cette idée d'inversion des normes peut aussi devenir un prétexte poétique, comme pour cette petite poésie de William Brighty Rands intitulé le monde à l’envers :
Le monde à l’envers

La rue se promène dans les hommes,
Les ratures effacent la gomme ;
La table se cache sous le chat,
La caserne s’ennuie dans le soldat ;
Le pont passe sur la petite fille,
Le cocon tisse sa chenille ;
La lande broute le mouton,
Le jardin pousse dans l’oignon ;
Le poème fait naître un poète,
Le marathon gagne un athlète ;
La mer prend le bateau,
Le sable marche sur le chameau ;
La salle d’attente ronfle dans le poêle,
Le grand jour éclate au scandale ;
Le cheval pique le flanc du taon,
Un arbre déracine l’ouragan ;
La vache trait la fermière,
Le proverbe roule dans la pierre ;
La ruche quitte enfin l’essaim,
Le jet d’eau s’orne d’un bassin ;
Les billets vérifient le contrôleur,
Demain sera pour le bonheur.

Nous nous sommes d'ailleurs essayés en groupe à l'exercice, avec des résultats variés, dont voici quelques uns dont je me souviens (n'ayant pas eu malheureusement l'idée de les noter directement) :

c'est la voiture qui conduit l'humain
la route qui roule sur la voiture
l'origami qui plie l'enfant
l'enfant qui apprend à dessiner à Nicolas (au prof de dessin)
les blocs qui construisent l'enfant.

Cette idée du monde inversé à été le point de départ d'un travail en cours, dont j'espère pouvoir donner un aperçu prochainement.